Un mot du réalisateur

« J’ai beaucoup hésité avant de me lancer sérieusement dans l’écriture puis le tournage de ce film. Après avoir participé aux activités du centre social autogéré, au sein de l’atelier de français notamment, j’ai commencé à filmer les lieux de vie du bâtiment, les activités ainsi que  plusieurs habitant-e-s dans leur intimité. En me focalisant sur les parcours de certaines personnes, j’espérais raconter l’histoire d’une lutte pour la réquisition des logements vides, la régularisation des sans-papiers et pour la dignité au sens large.

Après une période de sérieux tâtonnements, personnels et « professionnels », j’ai présenté à des copain-e-s de Synaps Collectif Audiovisuel les quelques rushes que j’avais tourné. J’ai reçu de chaleureux encouragements qui m’ont déterminé à revenir tourner à l’Attiéké jusqu’en hiver 2016, avec toujours l’aval et la bienveillance des habitant-e-s et des membres du centre social autogéré, qui au passage m’ont toujours accordé leur confiance. Ce projet en est presque devenu une évidence au moment où je m’interrogeais sérieusement sur la pertinence de ma pratique du cinéma. 

Deux ans de travail intense ont donc donné naissance à ce film, entre les premiers repérages au printemps 2015 et la première projection à l’Attiéké en mai 2017. Je ne remercierai jamais assez les nombreux-euses collègues et camarades qui ont donné du temps et de l’énergie sur les différentes étapes de fabrication (écriture du dossier, tournage, montage, post-production , édition DVD, premières projections), qui sont venus assister aux séances de visionnage collectifs,  qui ont filé un billet pendant la campagne de financement, qui participent à la diffusion du film par le bouche à oreille, des slaves de mails ou des coups de téléphone, ou qui tout simplement m’ont encouragé à persévérer quand j’en avais marre. 

 Enfin,  le film, porté par le collectif Synaps Audiovisuel, concrétise une vision et une pratique du cinéma que nous défendons et façonnons au fil de nos modestes projets : un cinéma libéré des impératifs de rentabilité, pensé et géré par celles et ceux qui le font et qui se rapproche plus d’un artisanat que d’une industrie. »